Wednesday, August 20, 2025
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Elise Lucet: How to (r) establish a truth?

L’édito de Charles Pepin :

“J’aimerais ce matin vous raconter l’histoire d’une femme qui cherche – qui cherche la vérité. Elle la cherche avec passion, avec obstination – faut croire qu’elle est tombée petite dans la marmite. Chaque obstacle arme un peu plus le bras de sa volonté, les entraves ne sont pour elles que des invitations à insister encore, chaque zone d’ombre lui donne envie d’un peu plus de clarté. Car voilà, on ne la lui fait pas.

Mais qui est-elle ? De quelle nature est donc cette vérité qui est l’objet de sa sagacité ? De quelle nature est sa recherche, sa quête ? Recherche-t-elle la vérité comme un philosophe le fait ? Avec un amour du doute et du questionnement au moins égal à la passion du vrai. La recherche-t-elle comme une scientifique le fait ? Avec l’humilité de reconnaître toujours la sanction du réel, ce moment où l’expérience vient infirmer la théorie, où il faut bien reconnaître que le réel est plus fort que l’idée qu’on s’en fait. La recherche-t-elle comme un historien le fait, conscient qu’on ne sortira jamais complètement des querelles d’interprétation. La recherche-t-elle comme une journaliste le fait, une journaliste qui cherche avant tout à établir des faits, à recueillir des témoignages ? Et se pourrait-il que la journaliste soit un peu philosophe, voire un peu scientifique ?

Les choses de toute façon ne sont pas si simples : car même pour le philosophe, même pour le scientifique, il n’est pas toujours aisé de se débarrasser de ses préjugés, des idées qu’on se fait avant même que l’enquête ne commence. Nietzsche l’avait bien vu : quand le philosophe, quand le savant se prétendent au service de la vérité, chevaliers blancs détachés de leurs prénotions, ils ne font en fait que militer pour leur vision du monde. Alors le journaliste ? Comment réussirait-il là où le philosophe et le savant échouent ? Peut-être qu’il n’y a pas de chevaliers blancs, pas de justiciers rédempteurs, juste des hommes et femmes qui font plus ou moins bien leur métier, leur métier d’homme ou de femme.

Pour en parler ce matin, de cette vérité qu’on cherche, qu’on trouve parfois, et de notre méthode pour la chercher, j’ai la joie de recevoir une des personnalités préférées des français, une femme, une journaliste, ancienne présentatrice du 19/20 puis du JT de 13h, qui est devenu le visage du journalisme d’investigation. Rédactrice en chef de Cash investigation et d’Envoyé Special, aux méthodes efficaces mais parfois objet de débat, Elise Lucet est avec nous ce matin sous le soleil de Platon, et ce n’est pas le pire endroit pour qui s’intéresse à la lumière de la vérité et comporte dans son nom, LUCET, la double promesse de la lumière et du soleil. Avec elle, nous allons nous demander si nous pouvons sortir de l’obscurité et voir enfin les choses en vérité, et pas simplement leurs ombres projetées sur les parois de la caverne. Nous allons nous demander si le journaliste d’investigation ne rencontre pas, sur son chemin, les mêmes obstacles que le philosophe platonicien.”

Le journalisme, une part du boulot

Au départ d’une enquête, une information, quelque chose qui intrigue… Mais la suite, d’après Élise Lucet, nul ne peut la prévoir ! Celle qui a d’abord présenté le journal télévisé pendant 25 ans, définit son métier de journaliste à Cash investigation et à Envoyé spécial comme “une quête, mais en toute modestie, et en collectif qui protège du risque de se perdre. On vérifie toujours entre nous que nous ne sommes pas partis d’un préjugé, d’un présupposé. Nous ne sommes pas des chevaliers blancs, nous faisons notre part du boulot, et on essaye de la faire bien, comme des artisans.”

Les limites des pratiques journalistiques

Son éthique ? “La remise en question permanente, et la loi ! On n’a pas le droit de tout faire. Le journaliste n’est pas au-dessus des lois. Et comme on s’attaque à des gens qui transgressent, on se doit, nous, d’être irréprochables.” À la question de savoir s’il lui est déjà arrivé de franchir la ligne jaune pour obtenir une information, la journaliste répond : “On n’a jamais fait d’usurpation d’identité par exemple. On se présente toujours, et s’il nous est arrivé de travailler en caméra cachée, c’est après avoir tenté les choses autrement, et après avoir estimé que c’était l’unique moyen d’obtenir du contradictoire. Courir après un interlocuteur dans la rue, n’est pas ce que je préfère. Je n’ai pas fait sport étude. J’apprécie plutôt les interviews en bonne et due forme avec questions, arguments… Mais on a interpellé parfois des personnes pour leur montrer que la politique de la chaise vide n’était pas la bonne.”

Élise Lucet précise aussi plus tard dans l’entretien, qu’elle “n’est par exemple jamais aller interviewer quelqu’un devant son domicile.”  Et lorsqu’elle le fait devant un siège social, c’est la fonction à qui elle pose des questions. Et elle n’intervient que dans des lieux publics, “une assemblée générale en est un.” précise-t-elle.

Croiser les sources pour faire éclore la vérité

Pour Élise Lucet, si toutes les sources ne sont pas intéressantes, “toutes méritent d’être écoutées, il faut prêter attention aux gens qui vous interpellent. Le journaliste se doit d’être immergé dans la société. » À l’heure des post-vérités, elle rappelle chercher toujours deux ou trois sources, « si elles concordent, c’est une vérité, ce qui n’exclut pas la nuance. Mais parfois vous n’avez pas toute la vérité, il faut encore creuser, c’est le mythe de Sisyphe ! La vérité que l’on présente aux spectateurs est toujours ultra vérifiée. Et l’information n’est pas une opinion.”  Parmi les sources, les lanceurs d’alerte. Élise Lucet les salue : “Ils prennent beaucoup plus de risques que nous. Ils ont le courage de copier des documents, de sortir du système et de se mettre en danger… Ils ont vu, pour certains, leur vie bouleversée, ils ont eu des ennuis judiciaires. Ils sont vraiment des supermen.”

La suite est à écouter…

Programmation musicale :

  • Etienne Daho – En surface – 2014
  • Greentea Peng – Whatcha mean – 2025

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